Dylanesque

Don'tLookBack

Jeudi 14 janvier 2010 à 23:18

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L’histoire que je vais vous raconter, vous la connaissez déjà. Je veux dire, d’autres l’ont raconter avant moi. Ceux de ma génération. Ceux qui sont nés au début des années 90. Trop jeunes pour Nirvana, pour la brit-pop. L’album est sorti en 2001 mais je l’ai découvert deux ans plus tard. La belle époque. C’est un peu avant l’avénement d’Internet, de la musique qu’on trouve partout, qu’on écoute rapidement, qu’on consomme à la va-vite. Et pourtant « Is This It » traverse l’Atlantique et vient me foutre une bonne grosse claque, en plein dans ma gueule de collégien boutonneux qui est plus intéressé par Harry Potter que le rock’n roll.
Et je l’écoute. Beaucoup beaucoup. Dans mon balladeur. Il faut changer les piles souvent pour écouter tout ça en boucle. Je l’écoute dans le bus le matin, je l’écoute à fond dans ma chambre de gamin en prenant ma vieille raquette de tennis pour une guitare. J’apprends à taper du pied, j’apprends à vibrer au son de la voix de Julian Casablancas. Mon grand frère de substition, qui me montre des horizons nouveaux, l’air de rien, avec décontraction. Il y a l’attitude aussi, c’est important, surtout quand on a treize ans. Alors, on achète ses premières Converses, on porte la veste noir et on se la joue négligé. Les cheveux poussent, le duvet aussi. Et l’amour de la musique, de la mélodie, du riff bien senti grandit grandit, jusqu’à devenir une raison de vivre, jusqu’à ce qu’on puisse se passer de cette galette fondatrice. De cette main gantée aux fesses qui est à l’origine de tout. Qui va me transformer.

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Pourtant, on est d’accord, rien de révolutionnaire. Que du revival bien foutu, sec et accrocheur. Mais pour moi c’est le Graal, c’est ce qui me rend différent des autres. Ecouter « Is This It » à cet âge là, c’est se construire une personnalité, c’est devenir quelqu’un. Des révélations comme ça, il y en aura d’autres. Dylan à quinze ans. Kerouac à seize ans. Mais celle-là, c’est la première et c’est celle que je regarde quelques années plus tard avec tendresse, avec une certaine nostalgie. Je ne me lasserais jamais de ces hymnes parfaits, écoutés milles fois, qui n’ont jamais perdu de leur saveur, de leur candeur. « Someday » me rappelera toute ma vie à mon adolescence. « Last Night », c’est la bande son de mes premières soirées, de mes premières cuites. « Trying Your Luck » m’a fait chialer bêtement, comme un innoçent. Plus tard, j’allais les voir en concert, j’allais devenir une groupie et chérir les deux albums suivants, chacun à leur manière, en fonction de l’époque.

« Is This It » est mon inoubliable dépucelage musical. La porte ouverte à toutes les découvertes. The Strokes, c’est mon groupe de jeunesse et j’espère que pas mal se reconnaitront. Aucun cynisme, aucune objectivité dans cette chronique, je l’écrit avec la sensibilité d’un grand gamin qui aura toujours treize ans.

Jeudi 14 janvier 2010 à 22:24

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Je vous parlais d'Adam Green comme l'un des héros de mon adolescence. Permettez moi maintenant de vous présenter ma deuxième idole de jeunesse : Julian Casablancas. Déjà, dans le genre nom de scène, ça en jette. Le monsieur alimente depuis 2001 (et le pavé dans la mare "Is This It") mon imaginaire rock'n roll, Converses, blouson de cuir et attitude nonchalante. Avec les Strokes, et trois albums qui contrairement à d'autres, sont pour moi tous bandants. Ils m'ont tendu la main pour m'amener vers le rock, et je leur en serais toujours reconnaissant. En attendant la suite (et fin ?) prévu cette année, la troupe continue d'enchaîner les projets solo, et c'est enfin au tour de Julian.

Leader torturé, à la voix écorché, c'est un type à la classe et au charisme inébranlable. Et par miracle, il parvient à coucher tout ça sur un disque concis et nerveux. Aux allures d’électro FM dégueulasse mais qui si on l’écoute bien, est un océan de sincérité et de mélancolie de qualité. Une fois passé le single « 11th Dimension », il faut faire l’effort de rentrer dans ces chansons un peu longues, chancelantes et grouillant de trouvailles. C’est surement mon âme de jeune con qui se trouve léché dans le sens du poil par les compos de Julian, ou peut-être simplement mon adoration pour les Strokes. Je sais pas. Il m’a fallu du temps pour apprécier. La première écoute m’avait ennuyé. Un peu comme « First Impressions of the Earth » finalement. Et puis à force de l’écouter à fond très tard le soir, je l’ai adopté. Il est très introspectif, la voix que j’aime tant est mise en valeur, la pochette est somptueuse et le titre parfait. Oui, peut-être qu’il ce n’est qu’une histoire de génération. Dans ce cas, j’espère que ces quelques morceaux vont toucher les miens. Ceux qui ont acheté leurs premières Converses après vu les Strokes en concert, ceux qui ont chialé dans leur bière au son de « On the Other Side ». Ceux là pourront être ému par « Glass », par les vacillements de « Ludlow St », ils savouront la candeur de « Out of the Blue » et seront lessivés par « 4 Chors of the Apocalypse ». Mais si tout va bien, tout le monde sera touché par cet album, qui n’est pas ce dont il a l’air. Ce n’est pas un sommet d’égocentrisme surproduit, ce n’est pas un produit hype bon à faire danser les indies-girls. C’est un sommet d’énergie, de romantisme, c’est le petit chef d’œuvre d’un gamin déjà nostalgique.

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Et puis c’est assez encourageant pour le nouvel opus des Strokes. En espérant que Nick Valensi va bien, puisqu’on est sans nouvelles de lui, alors que tous ses camarades ont signés de passionnants albums. En tout cas, bravo Julian et à très bientôt. Tant que tu continueras à m’émouvoir comme ça, à me faire garder un cœur d’adolescent, je serais toujours au rendez-vous.

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